Vendredi, 12
janvier 2001
 Le dakar dans l'corp Anne-Marie Lefebvre La Presse
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Le Paris-Dakar
compte 359 participants dont 133 à
moto |
De toutes les
épreuves de sport motorisé, le Paris-Dakar est
la plus mythique. À moto, en auto ou en camion, près de 400
concurrents se lancent à l'assaut du désert dans une folle
chevauchée. La course, amorcée à Paris le jour de l'An,
prendra fin le 21 janvier, au Sénégal. Nous vous invitons
aujourd'hui à découvrir ses secrets et ainsi à mieux
comprendre la fascination qu'elle exerce auprès de milliers de
gens aux quatre coins du monde.
Le 31 décembre
dernier, alors qu'on festoyait un peu partout sur la planète,
une race bizarre se tenait à l'écart. Les disciples du "Dakar"
se sont couchés bien avant le coup de minuit pour attaquer,
dès le lendemain matin, l'aventure de leur vie.
Un homme était au
rendez-vous: Hubert Auriol, le charismatique Marquis de Sade
des temps nou-veaux. Il est de l'événement depuis les débuts,
en 1978. d'abord à titre de concurrent. Puis de directeur.
C'est lui qui donnait le ton de la prochaine présentation du
plus dur rallye au monde, à Paris, à la veille du départ:
"Pour la pérennité du rallye, nous avons estimé qu'il fallait
revenir à la notion d'endu-rance", disait-il tout
sourire.
Traduction:
habitués aux voyages en avion, les mécaniciens qui
entre-tiennent et réparent les véhicules devront suivre le
même parcours que les coureurs, histoire de ralentir les pros
et de donner un coup de pouce aux amateurs ins-crits au
rallye.
De plus, une
étape de la course sera effectuée sans road-book pour re-nouer
avec l'esprit des premiers "Dakar", quand les pilotes avaient
le sentiment de défricher des terri-toires encore inexplorés.
Dans deux jours, ils devront faire une boucle de 513 km.
Hors-piste inclus! Une journée plutôt spéciale au cours de
laquelle les véhicules d'assistance resteront au bivouac. La
plupart des coureurs se coucheront très tard. Plusieurs pas du
tout.
Le matin du
départ, il y avait 349 concurrents, en provenance de 31 pays,
anxieux, mais radieux à l'idée d'entreprendre un tel périple.
À 6 h, 133 motos, 113 autos et 30 camions ont quitté Paris en
convoi. Direc-tion: Dakar. Admirés par certains, craints par
d'autres, ces coureurs fous ne laissent personne indiffé-rent.
Peu importe. Leur passion est plus forte que tout. Ils ont le
"Dakar" dans l'corps.
Prenez Jean-Marie
Lignieres, directeur du domaine Château de Lastour et hôte de
la deuxième étape du Dakar 2001. Il a eu un grave accident
lors de sa parti-cipation au rallye 1988. Paralysé pendant
quatre mois, il marche aujourd'hui avec une canne. Il pourrait
détester l'événement. Mais il n'en est rien. M. Lignieres
n'attend que l'occasion de parti-ciper à nouveau. "On a besoin
de se réaliser et on ne peut le faire que dans l'action,
explique-t-il. Ce n'est pas nos pensées, ce sont nos actes qui
vont faire qu'on va laisser une trace ou pas. Quand on n'agit
pas, on n'existe pas." Le
vrai jour du Dakar
Le rallye s'étend
sur un total de 10 739 km, soit 4559 km de liaison et 6180 km
de "spéciale". Par spé-ciale, on entend la partie
chrono-métrée de l'étape qui compte pour le classement. Les
liaisons sont des parcours de transition qui permet-tent de
rejoindre une spéciale ou un bivouac. À ce jour, motos, autos
et camions ont franchi la France, puis l'Espagne. De nuit, ils
ont traversé le détroit de Gibraltar par bateau. Et c'est à ce
moment que le "Dakar" se révélait sous son vrai jour,
entraînant les concurrents sur les chemins les moins
fréquentés... Prochaines étapes: Mauritanie, Mali et
Sénégal.
Pour survivre au
Paris-Dakar, il
faut être un très bon conducteur. Les pilotes doivent exceller
sur tous les terrains: goudron, boue, terre battue, sable dur,
dunes, roches. Ils doivent aussi aller vite et avoir un bon
sens de l'observation. La navi-gation s'effectue à l'aide de
road-books qui fournissent les repères kilométriques et
naturels de l'itiné-raire. Les coureurs s'orientent, eux, à
l'aide du G.P.S. pour limiter les risques de se perdre dans le
désert. Les pièges sont nombreux.Pour les participants
amateurs qui n'ont pas de budget pour se payer une assistance
mécanique ce qui est le cas de la plupart des coureurs
, il est essentiel d'avoir des notions de mécanique.
Enfin, les concurrents doivent faire preuve de beaucoup
d'endurance parce que les étapes sont souvent longues et
ardues. Terminer un "Dakar", c'est un exploit en
soi! Un valeureux
poireau!
Originaire de
Trois-Rivières, Patrick Trahan, 33 ans, pratique la moto
depuis quatre ans. Dans le jargon "dakarien", c'est un
poireau. Comme c'est le cas de la plupart des participants, il
n'appartient pas à une écurie. Il doit donc redoubler
d'ingéniosité pour amasser les fonds nécessaires à son
inscription et bricoler lui-même sa monture avant et pendant
l'épreuve.
Il avait 15 ans
quand il a décou-vert l'existence du "Dakar". En prévision du
grand jour, il a par-ticipé à des courses nationales et
provinciales de vélo de route, de vélo de montagne, de ski
alpin, de ski nautique et de canot-kayak. Il a fait le rallye
de l'Atlas au Maroc, en 1998, un prélude au Paris-Dakar.
Mais ce n'est pas
facile. Au terme de la première étape du Paris-Dakar, il a
eu des ennuis mécani-ques. Trahan n'avait pas les res-sources
nécessaires et devait comp-ter sur l'aide d'autres équipes. Le
problème c'est qu'il a dû aban-donner l'étape parce que
personne ne pouvait s'occuper de sa moto avant l'heure
réglementaire du départ. Il en pleurait de rage.
"C'est ça le
Dakar, c'est comme l'Afrique, c'est une passion", lui a dit un
vieux loup qui passait par là. "Tu voudras toujours y revenir
ou tu ne voudras plus jamais y mettre les pieds."
Mais Patrick le
sait: il continuera. Il l'aura un jour son "Dakar" même si,
cette fois-ci, les misères qu'il a rencontrées lui ont fait
perdre son éternel sourire. Le 25 décembre, en quittant
Montréal en direction de Paris, son coeur était plein
d'espoir. Mais la dure réalité de l'épreuve l'a rattrapé. Et
c'est à Goulimine, au Maroc, que sa course a pris fin,
plusieurs jours avant l'arrivée à Dakar. À l'an prochain,
Patrick. Le Paris-Dakar 2001
en chiffres
- 359
participants, dont 133 à moto, 113 en auto et 30 en
camion.
- 31 nationalités
représentées.
- 6 pays visités:
France, Espagne, Maroc, Mauritanie, Mali et Sénégal en 21
jours.
- 10 739 km à
franchir, soit 4559 km de liaison et 6180 km de spéciale pour
effectuer les 20 étapes du rallye. La spéciale représente la
partie chro-nométrée de l'étape qui compte pour le classement.
Les liaisons sont des par-cours de transition qui permettent
de rejoindre une spéciale ou un bivouac.
- 916 km: c'est
l'étape la plus longue (entre Paris et Narbonne), avec 910 km
de liaison et 6 km de spéciale.
- 619 km: c'est
la spéciale la plus longue entre Smara et
el-Gallaoulya.
- Une seule
journée de repos: hier à Atar.
- 1201 personnes
participent à la caravane. De ce nombre, on compte
-150 bénévoles
pour la logistique,
- 50 personnes
pour la restauration,
- 40 médecins et
240 journalistes.
- 17 avions et 8
hélicoptères assurent le voyage de l'organisation et des
jour-nalistes. Il faut ajouter 23 véhicules de contrôle et
d'assistance médicale, ainsi que 16 camions (balais,
ravitaillement essence...)
- 70 000 repas
seront servis.
Pour plus de
renseignements, vous pouvez consulter le site http://www.dakar.com/.
Les Touaregs de l'anecdote!
Le Paris-Dakar a
déjà attiré les stars
Le motard québécois Patrick Trahan n'a pas eu de
chance
Un rallye
contesté |