Vendredi, 12
janvier 2001
 Les Touaregs de l'anecdote! Anne-Marie Lefebvre, collaboration
spéciale La
Presse
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Au tiers du rallye,
plusieurs participants avaient abandonné en raison de
blessures ou ennuis
techniques |
Nomades, nous
voyageons à travers le désert. Jour après jour, notre caravane
aérienne se déplace pour élire domicile dans les replis du
Sahara. Nous sommes les Touaregs de l'anecdote.
Environ 240
journalistes et techniciens contribuent à promouvoir
l'événement aux quatre coins de la planète. Télés, radios,
journaux, magazines, sites Web rivalisent d'originalité pour
traiter du plus important rallye au monde.
Nous, les
journalistes, ne sommes peut-être pas du classement, mais nous
sommes assurément dans la course. Nous nous levons à l'aube et
le chrono nous guide toute la journée: on grimpe dans l'avion
à 6h, on se pose une heure plus tard, on monte la tente et on
suit les exploits et les ratés du parcours à pied, en 4 x 4 ou
en hélico. La route est belle. On ne souffre pas des bouchons
de circulation et le temps est au beau fixe.
Laurent Grout est
ingénieur radio pour France Info depuis 20 ans. Ce Normand de
40 ans passe le tiers de l'année sur la route. Il était aux
J.O. d'Atlanta et de Nagano et au Kosovo, au début du conflit.
Son rôle est de faire en sorte que les journalistes puissent
communiquer, peu importe où ils sont dans le monde. « C'est
génial d'être au milieu du désert et d'arriver à transmettre
en direct », lance-t-il. À 44 ans, Judith Tomaselli, elle,
couvre le Paris-Dakar depuis sept ans. Cette année, elle
trouve qu'il manque d'ambiance sur le bivouac. La raison: le
nouveau règlement qui oblige les assistances à suivre le même
parcours que les pilotes. Les mécaniciens entrent plus tard,
leur travail ne s'effectue qu'en fin de journée et, par
conséquent, il reste peu de temps pour fêter avant d'aller
dormir.
En sept ans, elle
en a croisé des gens. Des coureurs, bien sûr, mais aussi des
habitants. Il y a quatre ans, un petit Malien de 9 ans lui a
demandé la permission de passer la journée avec elle. Ils sont
devenus amis et continuent à s'écrire.
Judith Tomaselli
se souvient aussi d'une Marocaine chez qui elle a pris le thé
à la menthe, rituel oblige. En Afrique du Nord, offrir le thé
est une marque d'hospitalité courante. Le refuser risque
d'insulter votre hôte.
Campé en plein
désert, le bivouac est un village itinérant créé pour les
concurrents, les journalistes, les partenaires et les
commissaires de course. On y travaille, on y mange, on y dort,
on y vit jour après jour. Plus de 1700 personnes, bénévoles et
organisateurs, montent et démontent cette énorme
infrastructure en deux temps trois mouvements.
Des tentes
abritent le service de restauration et des aires de repos :
des tentes berbères au Maroc, des tentes nomades en
Mauritanie, des paillotes au Mali et au Sénégal. Certains
soirs, le site est animé par des chants et des danses berbère.
Non loin, se dressent les tentes d'assistance médicale, de
communication et de poste de contrôle.
Aucune histoire
scandaleuse ou scabreuse n'a été rapportée jusqu'à présent,
pas même une petite amourette
suspecte... |